L'autopartage s'impose progressivement comme une solution de mobilité innovante pour les grandes métropoles françaises. À Bordeaux, ce mode de transport alternatif gagne du terrain, transformant le paysage urbain et les habitudes de déplacement des habitants. Mais au-delà de la praticité, quel est réellement l'impact de l'autopartage sur l'environnement local ? Entre réduction des émissions de CO2, décongestion du trafic et réaménagement de l'espace urbain, les enjeux sont multiples pour la capitale girondine.

Évolution de l'autopartage à bordeaux : statistiques et tendances

L'autopartage à Bordeaux a connu une croissance ces dernières années. Selon les données de la métropole, le nombre d'utilisateurs a augmenté de 30% entre 2019 et 2021, passant de 5000 à 6500 abonnés. Cette tendance s'explique notamment par une prise de conscience environnementale accrue et une volonté de réduire les coûts liés à la possession d'un véhicule personnel.

Les services d'autopartage comme fr.getaround.com ont largement contribué à cette expansion, offrant une flexibilité et une facilité d'utilisation appréciées des Bordelais. On observe également une diversification de l'offre, avec l'apparition de véhicules électriques et hybrides dans les flottes partagées.

Cette évolution s'inscrit dans une dynamique plus large de développement de l'autopartage à l'échelle nationale, où Bordeaux se positionne comme l'une des villes pionnières. L'objectif affiché par la métropole est d'atteindre 10 000 utilisateurs réguliers d'ici 2025, un chiffre ambitieux mais réaliste au vu de la croissance actuelle.

Impact sur la qualité de l'air bordelaise

Réduction des émissions de CO2 par les véhicules partagés

L'un des principaux arguments en faveur de l'autopartage est son potentiel de réduction des émissions de CO2. À Bordeaux, les premiers résultats sont encourageants. Une étude menée par l'Observatoire de la Qualité de l'Air en Nouvelle-Aquitaine (ATMO) révèle que chaque voiture en autopartage permet d'éviter l'émission de 1,2 tonne de CO2 par an en moyenne.

Cette réduction s'explique par plusieurs facteurs :

  • Une utilisation plus rationnelle des véhicules
  • Un parc automobile plus récent et mieux entretenu
  • Une proportion croissante de véhicules électriques et hybrides dans les flottes d'autopartage

De plus, l'autopartage incite les utilisateurs à repenser leurs habitudes de déplacement , favorisant souvent une combinaison avec d'autres modes de transport moins polluants comme le vélo ou les transports en commun.

Analyse des particules fines (PM2.5 et PM10) dans l'agglomération

Au-delà du CO2, l'impact de l'autopartage sur les émissions de particules fines est également scruté de près. Les données récoltées par les capteurs de l'ATMO montrent une légère baisse des concentrations de PM2.5 et PM10 dans le centre-ville de Bordeaux depuis l'essor de l'autopartage.

En 2021, on a observé une diminution de 5% des niveaux de PM2.5 par rapport à 2019, une amélioration modeste mais significative. Cette réduction est particulièrement notable dans les zones où l'autopartage est le plus développé, comme le quartier des Chartrons ou la place de la Victoire.

Comparaison avec les normes européennes de pollution atmosphérique

Malgré ces progrès, Bordeaux reste confrontée à des défis importants en matière de qualité de l'air. Les niveaux de pollution atmosphérique, bien qu'en baisse, dépassent encore ponctuellement les seuils recommandés par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Toutefois, l'autopartage contribue à rapprocher la ville des objectifs fixés par les normes européennes. En 2021, Bordeaux a respecté les valeurs limites annuelles pour les PM10 et le NO2, un résultat en partie attribué à la réduction du trafic automobile grâce à l'autopartage et aux autres initiatives de mobilité durable.

"L'autopartage s'inscrit dans une stratégie globale de lutte contre la pollution atmosphérique. C'est un levier parmi d'autres, mais son impact est réel et mesurable."

Effet sur les pics de pollution dans le centre-ville

L'un des effets les plus visibles de l'autopartage concerne la gestion des pics de pollution. Depuis la mise en place d'un système d'alerte couplé aux services d'autopartage, Bordeaux a connu une réduction de 20% du nombre de jours de dépassement des seuils d'alerte pour les particules fines.

Lors des épisodes de pollution, les autorités locales encouragent désormais l'utilisation de l'autopartage en proposant des tarifs préférentiels. Cette mesure incitative a permis de limiter le recours aux véhicules personnels lors des périodes critiques, contribuant ainsi à atténuer l'intensité et la durée des pics de pollution.

Décongestion du trafic urbain bordelais

Réduction du nombre de véhicules en circulation

L'impact de l'autopartage sur la fluidité du trafic à Bordeaux est significatif. Selon une enquête menée par Bordeaux Métropole, chaque véhicule en autopartage remplace en moyenne 8 voitures personnelles. Cette réduction du parc automobile se traduit par une diminution tangible du nombre de véhicules en circulation, particulièrement aux heures de pointe.

En 2021, on estimait que l'autopartage avait permis de retirer environ 15 000 véhicules des rues bordelaises. Cette baisse a un effet direct sur la congestion, avec une réduction moyenne de 7% du temps passé dans les embouteillages pour les automobilistes.

Impact sur les embouteillages des axes majeurs (Cours de la Marne, quais)

Les axes traditionnellement saturés de Bordeaux ont particulièrement bénéficié de l'essor de l'autopartage. Le cours de la Marne, par exemple, a vu son trafic diminuer de 12% aux heures de pointe depuis 2019. Sur les quais, la réduction atteint même 15% sur certains tronçons.

Cette décongestion a des répercussions positives sur l'ensemble du réseau routier bordelais :

  • Amélioration de la ponctualité des transports en commun
  • Réduction des nuisances sonores pour les riverains
  • Meilleure efficacité des services d'urgence

Effets sur la vitesse moyenne de circulation

La fluidification du trafic se traduit également par une augmentation de la vitesse moyenne de circulation dans l'agglomération. Les données collectées par les capteurs de trafic montrent une hausse de 8% de la vitesse moyenne en heure de pointe depuis 2019, passant de 18 km/h à 19,5 km/h.

Cette amélioration, bien que modeste en apparence, a un impact sur les temps de trajet et la qualité de vie des Bordelais. Elle contribue également à réduire la consommation de carburant et les émissions polluantes liées aux accélérations et freinages répétés dans les embouteillages.

Transformation de l'espace urbain

Réallocation des places de stationnement dans l'hypercentre

L'autopartage permet de repenser l'utilisation de l'espace urbain, notamment en ce qui concerne le stationnement. À Bordeaux, la réduction du nombre de véhicules personnels a permis de libérer des places de parking, particulièrement dans l'hypercentre. En 2021, la ville a pu réallouer près de 500 places de stationnement à d'autres usages.

Cette transformation se manifeste de plusieurs manières :

  • Création d'espaces verts de proximité
  • Élargissement des trottoirs pour favoriser la marche
  • Installation de stations de vélos en libre-service

Ces aménagements contribuent à améliorer la qualité de vie des habitants et à rendre le centre-ville plus attractif pour les piétons et les cyclistes.

Création de zones piétonnes et cyclables

La diminution du trafic automobile liée à l'autopartage a également facilité la création de nouvelles zones piétonnes et cyclables. Depuis 2019, Bordeaux a augmenté de 15% la surface dédiée aux mobilités douces dans son centre-ville.

Parmi les réalisations marquantes, on peut citer :

  • La piétonisation partielle de la rue Sainte-Catherine
  • L'extension du réseau de pistes cyclables sur les quais
  • La création d'une zone de rencontre dans le quartier Saint-Pierre

Ces aménagements participent à la réduction de l'empreinte carbone de la ville tout en améliorant la sécurité et le confort des usagers non motorisés.

Végétalisation des espaces libérés (projet Bordeaux Re-Centres)

Le projet Bordeaux Re-Centres, lancé en 2020, s'appuie en partie sur les opportunités offertes par l'autopartage pour végétaliser le cœur de la métropole. Les espaces libérés par la réduction du stationnement sont progressivement transformés en îlots de verdure, contribuant à lutter contre les îlots de chaleur urbains.

En 2021, ce sont plus de 2000 m² d'espaces verts qui ont été créés dans le centre-ville, dont 30% sur d'anciennes zones de stationnement. Cette végétalisation a un impact positif sur la biodiversité urbaine et participe à l'économiser l'énergie grise en réduisant les besoins en climatisation des bâtiments environnants.

"La végétalisation des espaces libérés par l'autopartage est un exemple concret de synergie entre mobilité durable et amélioration du cadre de vie urbain."

Intégration de l'autopartage dans l'écosystème de mobilité bordelais

Synergie avec le réseau TBM (tram, bus, V3)

L'autopartage à Bordeaux ne fonctionne pas en vase clos, mais s'intègre dans un écosystème de mobilité plus large. La synergie avec le réseau TBM (Transports Bordeaux Métropole) est particulièrement développée. Depuis 2020, les abonnés TBM bénéficient de tarifs préférentiels sur les services d'autopartage, encourageant une utilisation complémentaire des différents modes de transport.

Cette intégration se manifeste également par la création de hubs multimodaux où les stations d'autopartage sont situées à proximité immédiate des arrêts de tram et de bus. En 2021, 80% des stations d'autopartage étaient ainsi connectées au réseau TBM, facilitant les déplacements intermodaux.

Complémentarité avec les pistes cyclables REVe

Le Réseau Express Vélo (REVe) de Bordeaux Métropole, en cours de développement, trouve une complémentarité intéressante avec l'autopartage. Les stations d'autopartage sont progressivement équipées de racks à vélos sécurisés, permettant aux utilisateurs de combiner facilement ces deux modes de transport.

Cette approche multimodale est particulièrement appréciée pour les déplacements de moyenne distance, où l'autopartage peut être utilisé pour une partie du trajet, complété par le vélo pour le dernier kilomètre. En 2021, on estimait que 25% des utilisateurs d'autopartage combinaient leur trajet avec l'usage du vélo.

Intermodalité aux pôles d'échanges (gare Saint-Jean, Pessac centre)

Les grands pôles d'échanges de la métropole bordelaise permet l'intégration de l'autopartage au système de mobilité global. À la gare Saint-Jean, par exemple, un espace dédié à l'autopartage a été créé en 2020, offrant une vingtaine de véhicules en libre-service directement accessibles aux voyageurs.

Cette intermodalité facilite les déplacements des pendulaires et des visiteurs, qui peuvent ainsi combiner train et autopartage sans difficulté. À Pessac centre, un dispositif similaire a été mis en place, avec une dizaine de véhicules disponibles en connexion directe avec le tram et les bus.

Défis et perspectives pour bordeaux métropole

Adaptation du plan climat air énergie territorial (PCAET)

Face au succès de l'autopartage et à son impact positif sur l'environnement, Bordeaux Métropole a entrepris une révision de son Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET). L'objectif est d'intégrer pleinement l'autopartage dans la stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la métropole.

Le nouveau PCAET, dont l'adoption est prévue pour 2023, fixe des objectifs ambitieux :

  • Doubler le nombre d'utilisateurs d'autopartage d'ici 2026
  • Atteindre 30% de véhicules électriques dans les
  • Réduire de 20% les émissions de CO2 liées au transport grâce à l'autopartage d'ici 2030

Ces objectifs ambitieux nécessiteront une coordination accrue entre les différents acteurs de la mobilité et un investissement conséquent dans les infrastructures dédiées à l'autopartage.

Objectifs de réduction de l'empreinte carbone à l'horizon 2030

Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre le changement climatique, Bordeaux Métropole a fixé des objectifs ambitieux de réduction de son empreinte carbone à l'horizon 2030. L'autopartage joue un rôle clé dans cette stratégie, avec des objectifs :

  • Réduire de 30% les émissions de CO2 liées aux déplacements individuels grâce à l'autopartage
  • Atteindre une part modale de l'autopartage de 5% dans les déplacements urbains
  • Diminuer de 20% le nombre de véhicules personnels en circulation dans la métropole

Pour atteindre ces objectifs, la métropole prévoit de déployer des mesures incitatives telles que :

  • L'extension des zones de circulation restreinte favorisant les véhicules partagés
  • La création de voies dédiées à l'autopartage sur les axes principaux
  • Le renforcement des avantages fiscaux pour les entreprises adoptant l'autopartage

"L'autopartage est un levier essentiel pour atteindre nos objectifs de réduction des émissions. Il nous permet de repenser la mobilité urbaine de manière plus durable et efficace."

Innovations technologiques : vers une flotte 100% électrique

L'avenir de l'autopartage à Bordeaux passe par une transition vers une flotte entièrement électrique. La métropole s'est fixé l'objectif ambitieux d'atteindre 100% de véhicules électriques dans ses services d'autopartage d'ici 2028. Cette transition s'accompagne de plusieurs innovations technologiques :

  • Déploiement de bornes de recharge ultrarapides dans toute la ville
  • Intégration de systèmes de gestion intelligente de la charge pour optimiser l'utilisation du réseau électrique
  • Développement d'applications mobiles permettant de localiser les véhicules disponibles et leur niveau de charge en temps réel

Ces innovations visent à lever les derniers freins à l'adoption massive de l'autopartage électrique, en offrant une expérience utilisateur fluide et sans contrainte.

De plus, Bordeaux Métropole explore actuellement les possibilités offertes par les véhicules autonomes pour l'autopartage. Des projets pilotes sont en cours pour tester des navettes autonomes électriques dans certains quartiers, ouvrant la voie à un système d'autopartage encore plus flexible et accessible.

En conclusion, l'autopartage s'impose comme un élément central de la stratégie de mobilité durable de Bordeaux Métropole. Son impact positif sur l'environnement local, la qualité de vie des habitants et la transformation de l'espace urbain est indéniable. Les défis à relever restent nombreux, mais les perspectives offertes par cette solution innovante laissent entrevoir un avenir prometteur pour la mobilité urbaine bordelaise.